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L’Africain Réveillé

DONNEES CLES SUR LE SWAZILAND

, 13:34pm

         Le Swaziland est officiellement appelé royaume du Swaziland ou encore le Ngwane. C'est un État d'Afrique australe, enclavé entre le Mozambique, à l'est, et l'Afrique du Sud. Ce petit pays de 17 363 km² (moins grand que la Belgique), indépendant depuis 1968, s'est constitué autour de la nation swazie. C'est un pays montagneux sans façade maritime enclavé entre l'Afrique du Sud et le Mozambique. Au point de vue administratif, le Swaziland compte quatre districts: Hhohho, Lubombo, Manzini et Shiselweni. La capitale administrative du Swaziland est Mbabane (57 992 habitants), mais Lobamba est la capitale royale et législative. Les autres villes importantes sont Manzini (25 571), Big-Bend (9374), Mhlume (7661), Malkerns (7400) et Nhlangano (6540). Le roi Mswati III règne depuis 1986 sur cette dernière monarchie absolue d'Afrique. Les partis politiques sont interdits et la liberté d'expression est très restreinte.

       Capitale: Mbabane
Population:  1,1 million (2004)
Langues officielles:  anglais et swati (de jure)
Groupe majoritaire: swati (88,5 %)
Groupes minoritaires:  zoulou (6,8 %), tsonga (1,7 %), afrikaans (1,1 %), anglais (0,6 %), nyanja (0,5 %), sotho du Sud (0,4 %), comorien (0,0 %)
Langues coloniales:  afrikaans et anglais
Système politique: monarchie à régime autoritaire
Articles constitutionnels (langue):  art. 3, 17, 22, 37 et 122 de la Constitution du 8 février 2006
          Lois linguistiques: aucune 

Le nom du pays (Swaziland) et celui de l'ethnie principale (les Swatis) proviennent du nom Mswati II, «le plus grand des rois guerriers swaziLe mot Dlaminiest le nom de la famille royale, ainsi qu'une façon courante d'appeler le Swaziland.

2 Données démolinguistiques

Selon les estimations du gouvernement, la population du Swaziland était estimée à 1 101 000 million d'habitants en 1999, mais à 1 143 000 en 2004. Le taux d'espérance de vie était peu élevé, soit de 38,6 ans; le pays est aux prises avec les ravages du sida, avec près de 40 % de la population swazie comme séropositive, le taux le plus élevé au monde. Le gouvernement accuse les femmes d'être les responsables de la propagation de la maladie dans le pays!

Le Swaziland est relativement homogène au point de vue ethnique et linguistique. Le pays est, en effet, peuplé à 88,5 % de Swazis, lesquels appartiennent à la branche nguni des Bantous. Les minorités ethniques sont les Zoulous, les Tsonga, les Afrikaners, les Britanniques, les Nyanja, les Sothos et les Comoriens. Le Swaziland a accueilli de nombreux réfugiés du Mozambique (peut-être 7 % de la population totale). Près de 30 % de la population a conservé les croyances traditionnelles animistes, alors que les autres sont de religion chrétienne protestante (5,5 %) et catholique (5 %) ou musulmane (10 %).

Ethnie Langue maternelle Affiliation linguistique Population  
Swazi swati langue bantoue 980 000 88,5 %
Zoulous zoulou langue bantoue   76 000 6,8 %
Tsonga tsonga langue bantoue   19 000 1,7 %
Afrikaners afrikaans langue germanique   13 000 1,1 %
Britanniques anglais langue germanique    7 500 0,6 %
Nyanja nyanja langue bantoue    5 700 0,5 %
Sothos sotho du Sud langue bantoue    4 700 0,4 %
Comoriens comorien (shingazidja) langue bantoue       600 0,0 %
Total: 1 106 500 100 %

Les langues indigènes appartiennent à la famille bantoue: le swazi (88,5 %), le zoulou (6,8 %0, le tsonga (1,7 %), le nyanja (0,5 %), le sotho du Sud (0,4 %), le comorien (0,0 %). Le swati constitue la langue nationale et l'une des langues officielles du Swaziland; il est également parlé au Mozambique et en Afrique du Sud.  Les langues «blanches» sont l'afrikaans (1,1 %) et l'anglais (0,6 %), toutes deux d'origine germanique; l'anglais est l'une des deux langues officielles. De par leur statut, le swati est la première langue officielle, l'anglais, la seconde.

3 Données historiques

Les archéologues ont découvert des restes humains datés d'il y a 100 000 ans.  Mais le peuplement des plateaux du Ngwane a commencé beaucoup plus tardivement, c'est-à-dire vers la fin du XVIIe siècle.  Les Swazis, des Nguni — descendants des San et des Khoisans (Bochimans) —, occupaient à l'origine la partie sud-est du littoral de l'Afrique australe, le long de la rivière Pongola (dans le Natal sud-africain). Ils se sont mêlés aux Bantous qui migraient vers le sudaux XVe et XVIe siècles et arrivaient de l’Afrique centrale.Les Swazi s'installèrent dans les montagnes de Lubombo dans l'est du Swaziland ainsi que dans le Haut-Veld de l'Afrique du Sud (province de Gauteng).

3.1 La colonisation européenne

Au milieu du XIXe siècle, les attaques des Zoulous incitèrent le roi Mswati à demander la protection de la Grande-Bretagne, ce qui eut pour effet l'arrivée au Swaziland, surtout après 1878, de nombreux colons et prospecteurs blancs. Les terres des Swazis furent progressivement accaparées par les colons boers arrivés du Transvaal, avec la complicité du souverain swazi qui y trouvait un intérêt financier personnel. À partir de 1888, les Boers (fermiers hollandais dont le nom signifiait «paysans» en néerlandais et se prononçait [bour]) reçurent le droit de s'administrer eux-mêmes. En 1889, un accord (Loi sur la juridiction étrangère de 1890) entre Britanniques et Boers confia l'administration du Ngwane (ou Swaziland) au Transvaal. De fait, à partir de 1894 et jusqu'à la guerre des Boers (1899-1902), le Swaziland devint un protectorat de la République boer du Transvaal. Les Boers implantèrent progressivement l'usage du néerlandais (écrit) et de l'afrikaans (oral) dans l'Administration. Craignant davantage l'emprise des Boers que celle des Anglais, les Swazis en appelèrent à la protection britannique.

Défaits par les Britanniques, les Boers signèrent, le 31 mai 1902, le traité de Vereeniging par lequel le Transvaal et l’État libre d’Orange devenaient des colonies de la Couronne britannique. Dès lors, les Britanniques se trouvèrent à contrôler un grand nombre de colonies: Le Cap, le Natal, le Transvaal, l'État libre d'Orange, le Griqualand, la Nouvelle République (the New Republic), le Stellaland et le Zoulouland, sans oublier le Bechuanaland plus au nord et le Swaziland à l'est.  En 1910, la Grande-Bretagne créa l'Union sud-africaine qui rassemblait toutes les anciennes colonies britanniques et les anciens États boers. Les Swazis échappèrent à l'annexion par l'Union sud-africaine, mais leurs terres demeurèrent aux mains des colons blancs (Afrikaners); ils ne détenaient que 37 % des terres du Swaziland.

La reconquête de leur territoire par les Swazis débuta en 1921 lorsque le nouveau roi, Sobhuza II, institua un organisme chargé de racheter les terres aux colons grâce à l'argent accumulé par l'imposition des travailleurs immigrés et à l'exploitation des mines. Cet organisme permit également au clan royal de renforcer son autorité. Mais, après la guerre des Boers, le Swaziland est devenu un protectorat britannique, et l'anglais remplaça le néerlandais (écrit) et l'afrikaans (oral).

3.2 Le Swaziland indépendant

En novembre 1963, la Grande-Bretagne promulgua la Constitution menant à l'indépendance du Swaziland et mit en en place le Conseil législatif et le Conseilexécutif; le premier Conseil législatif du Swaziland fut constitué le 9 septembre 1964. La Grande-Bretagne accepta de modifier la première Constitution qui prévoyait la mise en place de l’Assemblée et du Sénat, puis des élections en 1967. Le Swaziland indépendant héritait d'une monarchie constitutionnelle, avec un roi, un parlement et un premier ministre élus, comme en Grande-Bretagne. C'était en somme, le régime préféré des Britanniques!

Le Swaziland accéda à l'indépendance le 6 septembre 1968. Cependant, l'indépendance ne conduisit pas à la démocratie: en 1973, le roi Sobhuza II abolit la Constitution, assuma tous les pouvoirs et interdit les partis politiques. L'anglais fut reconduit dans son statut de langue officielle, mais le swati obtint un statut similaire. En tant que langue nationale parlée par près de 90 % de la population, il paraissait normal d'accorder le même statut au swati (première langue officielle). C'est depuis 1973 que le 
Swaziland est gouverné par décrets royaux.

Après la mort de Sobhuza II en 1982 (après soixante ans de règne), une longue période de lutte pour la succession s'ouvrit. Il faut dire que le roi avait été polygame (quelque 70 épouses royales) et que 67 fils prétendaient au trône, tandis que ses 100 épouses convoitaient la régence. Ce n'est qu'en 1986, après de violents conflits au sein du clan royal des Dlaminis, que le prince héritier Makhosetive fut finalement couronné, sous le nom de Mswati III. 

 
Le nouveau roi apparut rapidement comme un souverain autoritaire, refusant à l'opposition démocratique et moderniste le droit de s'exprimer, et rejetant la Constitution calquée sur celle du Royaume-Uni, car «en contradiction avec les traditions swazies». Mswati III se proclama Ngwenyama («le Lion») et nomma la reine mère Ndlovukazi («lady Éléphant») parce qu'elle était la mère du roi (d'où le surnom de «Grande Éléphante»); les nombreuses épouses (une douzaine et deux «fiancées») du souverain portèrent le titre de «mères de la nation»; une femme est dite fiancée lorsqu'elle n'a pas donné d'enfant au roi. Le roi doit être polygame afin de perpétuer la dynastie. Même si le roi, à la fois chef de l'État et chef de l'armée, avait favorisé la valorisation de la langue swatie, ses méthodes arbitraires ont provoqué une vague de contestation populaire. Le système de gouvernement du Swaziland, connu sous le nom de Tinkhundla, est un mélange de style occidental et de style traditionnel, où le roi avec son conseil dispose d'un pouvoir prépondérant. Mais les Swatis restent, semble-t-il, très attachés aux traditions monarchiques.

En 1992, le roi Mswati III éleva la capitale administrative (Mbabane) au rang de ville, mais la petite municipalité de Lobamba au sud de Mbabane resta la capitale royale et législative du Swaziland.

Au milieu des années quatre-vingt-dix, la monarchie swatie dut entrer dans un lent processus de démocratisation. Les pressions extérieures et la contestation des mouvements d'opposition et des associations de défense des droits de l'Homme remirent en question cette monarchie absolue, d'autant plus que le libéralisation de l'Afrique du Sud et au Mozambique attisèrent l'impatience de la population. Mswati III promit en 1997 de procéder à une réforme constitutionnelle et de donner plus de pouvoir au peuple. La nouvelle Constitution était patiemment attendue vers 2002, mais ce ne fut que le 31 mai 2003, après un retard de sept ans, que Mswati III a finalement dévoilé le projet d'une nouvelle constitution nationale pour le Swaziland, un projet qu’il a fini par approuver le 14 novembre 2003. La nouvelle Constitution prévoit que le pouvoir du gouvernement restera fermement entre les mains de la monarchie, tout en reconnaissant le respect des droits de l'Homme, mais en ne faisant aucune allusion à une reconnaissance quelconque des partis politiques (perçues comme des «associations»). Récemment, Mswati III déclarait que «la démocratie était une mode qui ne convenait pas au Swaziland». La nouvelle Constitution ne change rien de fondamental à l’absolutisme actuel.

Quant aux États-Unis, ils menacent de fermer la porte du marché américain au Swaziland. C'est que Washington est inquiet du non-respect du principe fondamental de justice dans le pays; non seulement les États-Unis rappellent à l’ordre la monarchie, mais remettent en cause son admissibilité à l’African Growth and Opportunity Act. Malgré des déficits budgétaires, une dette extérieure de 300 millions de dollars et de nombreux appels à des réformes démocratiques de la monarchie, la gestion et les dépenses du royaume sont souvent critiquées, notamment lors du projet en 2002 d’acheter un jet privé de 45 millions de dollars US pour le roi, ce qui équivalait environ à un quart du budget national. Le Parlement swazi a voté, le 18 octobre 2002, contre l’achat de ce jet royal, mais rien ne semble arrêter le représentant de la dernière monarchie absolue africaine, qui n’en fait qu’à sa tête avec son train de vie somptuaire. La même année, les Nations unies rapportaient que le pays avait besoin de 19 millions de dollars de toute urgence pour assurer la survie d’un quart de la population menacée par la famine, après une année de sécheresse. Plus de 500 000 Swazis, sur un million d’habitants, sont déjà touchés par un sérieux manque de nourriture. Lors de son 36e anniversaire de naissance en avril 2004, Mswati III, dans un discours en swazi, a salué le rôle «unificateur» des célébrations royales (au coût d'environ 525 000 $ US), diffusées sur la radiotélévision nationale; il a appelé ses sujets à «perpétuer la tranquillité swazie qui a fait de notre nation l'objet d'envie de la communauté internationale». Cela dit, le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde la monarchie swazilandaise (d'une autre âge!) contre des dépenses inconsidérées, sous peine de voir se tarir les donations financières à ce petit royaume menacé par la famine et ravagé par le sida (40% de la population swazie étant séropositive).